L’école informelle quesaco

J’ai lu un témoignage, ce jour, d’une famille qui a 7 enfants et qui n’a pas scolarisé ses enfants. Les enfants instruits en famille ont été instruits de façon informelle, c’est-à-dire, sans programme précis. Les enfants gèrent eux-mêmes leurs apprentissages.

Une personne au bas de l’article commentait en disant qu’elle trouvait ce mode de fonctionnement contestable et que ça ne pouvait marcher qu’avec des enfants intelligents et qu’il fallait que les enfants puissent s’adapter au système.

J’ai fait l’école à la maison de manière informelle avec mes enfants. Ma fille aînée a 5 ans. Elle me parle du château de Chambord, des poissons globes, de la vie des poulpes, et de plein d’autres choses alors que je ne lui ai jamais enseigné. Et quand elle aborde un sujet, elle nous en parle avec passion, comme récemment où elle nous expliquait à table que dans les châteaux autrefois, il y avait des latrines et qu’on s’essuyait les mains dans la nappe lors des repas, car il n’y avait pas de serviettes. Alors peut-être qu’elle a des aptitudes intellectuelles plus développées que les autres ou peut-être pas. Je remarque qu’elle apprend selon ses besoins (apprendre à écrire certains mots pour faire une recherche sur Google, savoir taper Youtube dans la barre d’adresse pour rechercher des vidéos ou savoir taper mon mot de passe pour déverrouiller l’ordinateur quand il se met en veille), tout comme elle a appris à marcher pour venir à ma rencontre quand elle était bébé ou parce que c’était plus plaisant d’aller d’un point à un autre en marchant, elle apprend parce qu’elle en ressent le besoin.

Dans l’article, il est dit que deux des enfants ont travaillé 2 mois et demi pour passer le bac et qu’ils l’ont obtenu tout juste.  Je trouve que c’est pas mal quand même d’obtenir le baccalauréat du premier coup, même si c’est avec 10. J’ai eu mon bac avec 10 de moyenne et pourtant j’ai travaillé une année complète, semaine et week-end et toutes mes vacances scolaires compris pour le décrocher. Certes sans mention on ne rentre pas dans de grandes écoles, mais était-ce le souhait de ces jeunes ?

J’aimerais continuer l’apprentissage informel avec mes enfants. Les laisser apprendre sans les influencer, mais cela est tellement mal perçu. Alors, cette année, j’ai inscrit ma fille aînée à un cours par correspondance. J’ai reçu les cours récemment. Je pense que ma fille ne se contentera pas de ces cours, elle m’a déjà fait part des thèmes qu’elle voudrait que l’on aborde, mon rôle est de mettre du matériel à sa disposition pour qu’elle puisse avancer dans sa quête (livres, internet, documents divers, matériels divers). Pourrais-je lui enseigner quelque chose sous la contrainte ?

Je ne suis pas sûre qu’on apprend bien sous la contrainte. Si un sujet ne nous intéresse pas ou si on n’en voit pas l’utilité sur le moment, on finit par décrocher. C’est ainsi que j’ai décroché en maths lorsque j’étais au collège puis plus tard au lycée. C’est en m’intéressant de plus près au matériel Montessori que j’ai compris certains problèmes mathématiques tout récemment. Alors qu’enfant, je n’arrivais pas à faire le lien entre les maths et la vie pratique. Peut-être que si j’avais pu visualiser certaines notions, j’aurais plus facilement acquis les bases et j’aurais été moins en échec face à cette matière.

Un autre exemple, j’ai appris l’allemand en 15 jours lors d’un voyage avec mes parents où je me suis retrouvée en immersion totale dans la langue cible. Mes parents ne parlaient pas un seul mot d’allemand et la famille qui nous accueillait ne parlait pas un mot de français. Alors mes parents comptaient beaucoup sur moi. Il a fallu trouver la banque la plus proche pour que mes parents puissent retirer de l’argent. Il a fallu dire que nous avions déjà acheté de la viande en passant au magasin et qu’il était inutile que Olga en achète au supermarché. Il m’a fallu discuter avec Hans et avec Michael. Bref, l’utilité de connaître la langue était primordiale à ce moment-là. De retour en France, ma moyenne en allemand a fait un bon en avant vertigineux. Je suis passée de 3 de moyenne à 17. Qui l’eut cru ? J’aurais pu faire 10 ans de cours d’allemand sans jamais comprendre aucune phrase entière. Parce que je le vivais comme une contrainte et comme quelque chose d’inutile. 20 ans après, j’ai oublié beaucoup de ce que j’ai appris en allemand, car je n’ai plus l’utilité de cette langue. Je pense que le cerveau ne retient que ce qui lui sert vraiment.

Alors faut-il absolument que les enfants se fondent dans un système qui ne marche pas toujours et qui met beaucoup d’enfants en échec ? Je ne comprends pas bien pourquoi il faudrait reproduire un système comme celui-là et quel intérêt alors de déscolariser les enfants si c’est pour faire la même chose qu’à l’école ?

Je suis convaincue par l’apprentissage informel, mais la France ne le permet pas vraiment.Les contrôles de l’inspection académique, la nécessité de  montrer ce que l’enfant sait faire, l’obligation pour l’enfant de maîtriser le socle commun des connaissances avant l’âge de 16 ans… tout cela fait qu’il est difficile de continuer. Et je pense sincèrement que ce n’est pas à l’enfant de s’adapter au système, mais plutôt le système qui devrait faire preuve de plus de tolérance et s’ouvrir à la diversité des personnes.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *