Avant de parler de moi, je vais parler du blog. Pour remettre un peu les choses dans leur contexte et parce que l’un ne va pas sans l’autre… Je veux dire par là que s’il n’y avait pas de blog, je n’aurais pas besoin de dire qui je suis.
Pourquoi créer ce blog et comment est-il né ?
Avant de parler de mort (parce qu’un jour comme tous les blogs, il y aura une fin), il faut parler de vie. Parce que la mort n’existe que s’il y a la vie, c’est-à-dire un commencement. Tout commence donc par une naissance et ce blog est né, il y a plusieurs années maintenant. Comment est-il né ? De manière totalement inopinée. Oui, je vivais en appartement, il n’y avait pas grand chose à faire, J. avait 4 ans, M. 2 ans et je testais les fonctionnalités de Canalblog, un après-midi, juste comme ça, parce que les enfants faisaient la sieste. J’y avais déjà un blog de cuisine que je n’alimentais plus beaucoup et je voulais parler d’autre chose. J’ai alors créé un nouveau blog. Mais je ne pensais vraiment pas aller loin. Je me suis amusée à écrire mon tout premier article. Que j’ai retravaillé un peu depuis. C’était en 2012. J’avais beaucoup de photos de mes enfants en train de faire des activités et la question s’est posée assez vite de savoir si j’allais mettre des photos de mes enfants ou non sur mon blog de manière publique. Je n’en mettais déjà pas sur les réseaux sociaux, alors je ne voyais pas trop comment parler de leurs activités sans les montrer en action.
J’écrivais des articles de façon très irrégulière et je doutais de l’utilité de ce genre de blog. Qui allait me lire et pourquoi ? Au final, je me suis dit que ça pourrait servir un jour si on doutait de ma bonne foi. Si on voulait avoir de vraies preuves que j’instruisais correctement mes enfants et de façon régulière. Oui, car pour ceux qui ne le savent pas encore, j’instruis mes enfants moi-même à la maison. D’où le nom du blog maternellemaison – La maternelle et le CP à la maison.
Alors qui est ce « moi » ou ce « je » qui vous parle ?
Oui qui suis-je ? Parce que derrière l’écran, il y a forcément une personne, vous vous en doutez bien. Les articles ne s’écrivent pas tout seuls. Je vais donc vous présenter qui est cette personne qui vous écrit. Je n’ai jamais eu de page qui suis-je sur mon ancien blog, je n’ai en fait jamais pensé en écrire une et la configuration du blog ne le permettait pas vraiment.
Qui suis-je donc en résumé ?
Mon pseudo est Sevie59, je suis ce que l’on appelle en jargon du web à la fois l’éditeur, le concepteur, le rédacteur, le webmaster et l’administrateur de ce blog. Je le dis au masculin, c’est comme ça dans le métier. Mais en réalité, je suis une femme et surtout maman de 3 enfants.
Quand j’étais jeune, je me destinais à la carrière d’enseignante. Cela vous étonne ? Le bac en poche, je voulais être enseignante d’arts plastiques. A l’époque, il n’y avait pas internet. La seule façon de s’orienter était d’aller rencontrer un conseiller d’orientation. Si ce dernier avait des vieux papiers pas mis à jour, il y avait de fortes chances pour qu’il vous conseille mal et qu’il vous oriente mal. Je suis tombée sur l’un d’entre eux. Il a omis de me dire que pour suivre une formation en arts plastiques, je devais passer des tests de présélection pour entrer en première année de DEUG. Je suis arrivée dans un amphithéâtre rempli de plus de 600 candidats. La sélection fut rude, et ils ne prenaient que 30 candidats au final. Autant dire que mes chances étaient maigres sans avoir préparé quoi que ce soit de réussir ce concours d’entrée. Je n’ai pas été admise. La coutume voulait que les recalés s’inscrivaient en histoire de l’Art. Je n’ai pas suivi cette coutume et j’ai choisi les lettres modernes.
J’ai obtenu mon diplôme et me suis passionnée pour la linguistique française. Moi qui étais plutôt mauvaise en grammaire et en orthographe autrefois, je découvrais enfin les subtilités de la langue. Le bon usage de Grevisse est devenu mon livre de chevet (de nos jours, il est en version interactive). J’ai obtenu ma licence de linguistique avec mention. Je le dis sans prétention aucune. J’ai passé une année formidable avec des professeurs passionnants, ce n’était donc pas difficile.
Malgré tout, l’idée d’enseigner continuait à me trotter dans la tête, j’ai donc tenté le CAPES d’arts plastiques : deux fois, et j’ai échoué deux fois. Mais je ne regrette rien. Je me serais sûrement ennuyée au sein de l’Education nationale.
J’ai quand même enseigné. Après la licence, je me suis lancée dans une maîtrise de FLE (français langue étrangère). J’ai pu enseigner le français à des étrangers. C’était sympa, je rencontrais d’autres cultures, d’autres gens, d’autres façons de penser. Et surtout d’autres manières d’enseigner…
Mon entrée dans le multimédia
J’ai terminé mes années fac par un diplôme au terme pompeux et présomptueux que je me garderais bien de vous donner ici. D’abord, parce que ça fait long à écrire et puis ensuite parce que vous avez autre chose à faire. Je le sors quand je tombe sur des gens tout aussi présomptueux. Ça leur referme le caquet, c’est bien pratique.
Pour vous donner le contexte, à cet époque, internet n’en était qu’à ses balbutiements en France. On était bien loin du Net d’aujourd’hui. Il fallait alors former des gens qui allaient être capables de vulgariser la science à travers les nouveaux médias. Mettre en place les nouvelles interactions entre l’Homme et la machine qui allaient se faire demain (ce que vous connaissez aujourd’hui en fait, les menus déroulants, les liens hypertextes, les boutons de navigation, le design des pages, la rédaction de contenus, etc.), on s’appuyait sur ce qu’on connaissait déjà à l’époque (les distributeurs de tickets de métro, les premières bornes interactives, le minitel…). Il a fallu adapter tout ça au web. Réfléchir, concevoir des pages, créer une norme en matière de navigation. Bon, à cette époque, je venais tout juste de découvrir ce que c’était qu’un ordinateur, et j’avais acheté mon tout premier ordinateur d’occasion, un an auparavant, qui n’était pas relier à internet. Je découvrais le traitement de textes et les caprices de Windows 3.1 (lancé en 1992). Malgré tout, on pensait déjà au e-learning, aux livres interactifs, aux grosses bases de données documentaires disponibles au commun des mortels. C’est que ça cogitait beaucoup chez les universitaires et chez les ingénieurs informaticiens. On en était au balbutiement du code HTML (1993), et à l’insertion d’images GIF dans une page Web. Puis le navigateur Netscape navigator est né (1994). Bien qu’internet à l’époque était loin d’être à la portée de tous et que c’était plutôt réservé aux universitaires, aux ingénieurs, à ceux qui concevaient l’internet du futur… On était quand même loin d’imaginer que n’importe qui allait pouvoir surfer. On ne connaissait pas encore les blogs, les réseaux sociaux, le e-commerce et la vente de produits d’occasion en ligne. Bref, j’ai connu internet à son commencement. Et l’évolution fut extrêmement rapide. Nos mentors nous imaginaient futurs chefs de projet multimédia, concepteur de cédéroms éducatifs, ou à la tête d’une entreprise de e-learning, ou concepteur de logiciels de traductions automatiques.
Il est bien connu qu’on nous vend du rêve durant nos études et naïfs que nous sommes, on y croit. On se voit déjà dirigeant une équipe de 5 ou 6 personnes menant à bien notre projet. Il y avait un cafouillage monstre. De nouveaux métiers apparaissaient puis disparaissaient aussitôt. La réalité du monde du travail m’a bien vite rattrapée et je suis vite redescendue les pieds sur terre. La seule porte de sortie que j’ai trouvée fut un job d’animatrice nouvelles technologies. On était bien loin des boulots de cadre qu’on nous faisait miroiter. J’ai alors formé des personnels à l’usage d’internet (oui parce qu’après Netscape, il y a eu Internet explorer et le modem 56 kbits/s). Les entreprises s’équipaient tout doucement d’une connexion internet, mais pas encore tout à fait les particuliers. Lionel Jospin, dans son discours à Hourtin en 1997, voulait réduire le fossé qu’il y avait entre ceux qui avaient accès aux nouveaux outils de communication et ceux qui n’y avait pas accès ou qui n’en connaissaient même pas l’existence.
On ne peut pas dire que c’était super passionnant, mais je rencontrais des gens sympa avec lesquels je discutais en attendant l’affichage des pages Web. Ben oui, c’est que c’était long à charger une page Web à cette époque…
Mais au bout de 2 ans, j’ai vite fait le tour. J’ai posé ma lettre de démission. J’ai alors intégré une entreprise pour être concepteur rédacteur multimédia. Côté internet, France Télécom mettait enfin l’ADSL à notre disposition. J’avais enfin ma propre connexion à la maison. Les pages Web s’affichaient beaucoup plus rapidement et de plus en plus de particuliers s’équipaient d’un ordinateur. J’ai découvert le monde de la vente en ligne. Un monde passionnant où on réfléchissait à la manière de mettre en valeur des produits virtuels ou on mettait en place les systèmes de paiement en ligne… Malheureusement le e-commerce ne décollait pas et il a fait chou blanc en 2000 car trop en avance, alors que les particuliers n’étaient pas encore prêts à acheter en ligne et à saisir le numéro de leur carte bleue. Pensez-donc, ils commençaient tout juste à découvrir l’e-mail (ou le mèl version de l’Académie française qui n’a jamais accroché les Français préférant la version anglo-saxonne). La vente en ligne ne décollant pas, les entreprises commencèrent à rechigner à investir des sommes colossales dans le développement d’un site internet grand public et préférèrent de simples sites vitrines, comme on les appelait à l’époque, qui leur servaient de super carte de visites. On avait donc d’avantage besoin de développeurs, de graphistes et parfois de web designers que de rédacteurs. J’ai donc été licenciée deux ans plus tard, les entreprises préférant écrire leurs textes eux-mêmes. Je ne servais plus à rien.
Malgré tout, il fallait continuer à former les personnels à l’usage d’internet. Les intranets se mettaient en place au sein des petites structures et la simple secrétaire et même le factotum devaient savoir s’en servir rien que pour saisir leurs dates de congés. J’ai donc continué à travailler en tant que formatrice au sein d’une association, tout en rédigeant des pages de site intranet pour les personnels. Mais l’argent manque dans les associations et la perspective d’être embauchée sur le long terme avait de maigres chances d’aboutir. Ce qui devait arriver arriva, je me retrouvais de nouveau à la case départ. Il m’a fallu trouver une alternative. L’idée de créer ma propre entreprise avait germé.
C’est ce que je fis en 2006. Seule face à mon écran, je corrigeais du texte pour d’autres entreprises. Au lieu d’en rédiger, j’en reformulais et je les adaptais aux supports. Pas très formée à l’entreprenariat, malgré quelques mois de formations, j’ai eu beaucoup de mal à prospecter. La vente est un métier pour lequel je ne suis pas vraiment formée. Ma spécialité, c’est la vulgarisation des savoirs et non pas le commerce, même si j’ai travaillé autour du e-commerce… Et puis, un évènement est venu tout bouleverser…
En 2008, un fœtus avait pris place à bord de ce moi qui vous parle. J’allais être maman. Il y a des hommes qui pensent qu’une femme n’est plus capable de travailler une fois qu’elle est enceinte ou une fois qu’elle a des enfants, c’est ainsi que certains de mes clients n’ont plus donné signe de vie à l’annonce de ma grossesse et d’autres après mon accouchement (ils ont eu au moins la délicatesse de ménager mes hormones). Même si j’ai repris très vite le travail après la naissance de ma fille. J’avais perdu la moitié des entreprises pour lesquelles je travaillais. Il n’est pas bon en ce monde être travailleur indépendant et enceinte à la fois. On fait confiance aux femmes pour leur rigueur, leur capacité à encaisser, mais pas lorsqu’elles sont en âge de procréer et pas quand elles maternent. Ça fait peur. A 38 ans, on imaginait pas que j’allais vouloir être mère. Je m’étais bien gardée de dire que j’avais une vie personnelle ceci dit ou bien mes clients l’avaient tout simplement oublié. L’écran d’ordinateur a rendu les individus invisibles et impersonnels. Pourtant, ce sont bien des humains qui ont conçu tout ça. Il est vrai que je travaillais à toute heure du jour et de la nuit. On pouvait croire que je n’étais plu tout à fait un être humain. Après la naissance, je pouponnais le jour, ou je corrigeais mes textes d’une main tout en donnant de longues tétées à un bébé aux besoins intenses qui ne faisait pas de siestes et qui refusait d’être posé dans son lit. Avec du recul, je pense que ma fille absorbait mon stress telle une éponge. La nuit, je continuais à travailler pour rattraper mon retard après 2 heures du matin quand bébé avait bien voulu s’endormir dans les bras de son papa. Je goûtais aux joies d’être mère et à ses difficultés. Et aux difficultés d’être seule à gérer l’usine à gaz que j’avais créée. Elle ne tarda pas à m’exploser à la figure d’ailleurs.
La fatigue ne tarda pas à se faire sentir de plus en plus et le moral tomba en-dessous de zéro. Les hormones y étaient pour quelque chose, mais les difficultés financières de ma petite entreprise y étaient pour beaucoup aussi. Un retard de déclaration de TVA m’a valu une amende de 1500 euros. Le trésor public se moque de votre vie personnelle, du fait que vous devez tout gérer de A à Z, du papier qui traîne par terre, jusqu’à la comptabilité que vous devez gérer seule car vous n’avez plus de trésorerie pour vous payer le luxe d’un cabinet comptable et que votre bébé pleure si vous le posez 30 secondes, ou que du coup vous ne pouvez plus prospecter, car vous avez besoin de vos deux mains pour ça. Une nourrice, ça coûte de l’argent aussi. La TVA que je n’avais pas à payer puisque je gagnais moins que je dépensais était devenue le dernier de mes soucis, mais cela m’a vite rattrapée lorsque la saisie de cette amende s’est faite directement sur mes économies personnelles. Il était temps de fermer boutique. Je devais accepter la défaite. Déposer ma dernière déclaration et déclarer forfait. Cela devenait vital pour moi et pour le bien-être de mon enfant. Je le fis donc sans trop de regret en 2010.
J’ai décidé alors de me consacrer entièrement à ma fille. Il me fallait prendre l’air, voir autre chose, goûter aux joies simples d’une balade dans un parc ou refaire mes courses comme tout le monde sans passer par les services des boutiques en ligne. Bref, retrouver la vraie vie, celle que j’avais quelque peu oubliée derrière mon écran.
J. a eu deux ans, et sa petite sœur M. est née. Je m’épanouissais de plus en plus dans mon rôle de mère et l’idée que tout allait bientôt s’arrêter me fendait le cœur, notamment avec leur entrée en classe qui s’approchait très vite, trop vite…
J. allait avoir 3 ans et il fallait choisir une école, mais d’abord l’inscrire en mairie. Je retardais cette démarche. Je demandai alors à la principale intéressée ce qu’elle en pensait. J. était une petite fille qui a parlé très tôt. A 18 mois, elle faisait déjà des phrases de 2 mots. A bientôt 3 ans, elle parlait déjà comme une petite femme. Elle a pu parfaitement bien me donner son point de vue sur le sujet. Et voici en gros ce qu’elle m’a dit : « non, je ne veux pas aller à l’école. Je veux rester avec ma petite sœur et je veux rester avec maman ». Bon, c’était clair, comme beaucoup d’enfants, elle ne voulait pas y aller. Je me suis alors renseignée sur la possibilité de la garder à la maison. Je savais déjà que l’école n’était pas obligatoire et que seule l’instruction l’était à partir de 6 ans. Mais je voulais être sûre de ne pas avoir d’ennuis, alors j’ai lu pas mal de choses sur le sujet… Oui, on pouvait garder les enfants à la maison sans passer par la case maternelle. Je pouvais alors respecter le choix de ma fille de ne pas aller à l’école avec l’esprit tranquille. Un an plus tard le blog naissait.
Comment l’activité du blog est devenue plus sérieuse ?
Je me suis mise sérieusement à la rédaction de mon blog il y a deux ans. Je me suis dit que ça permettrait de montrer nos activités lors du contrôle de l’instruction de l’inspection académique à défaut d’être lue par les internautes, mes photos étaient ainsi en sécurité. Et le blog permettrait de témoigner de la bonne progression des enfants.
Et puis, il y a eu vos commentaires qui m’ont donné envie d’aller plus loin et je me suis rendu compte que je pouvais apporter quelque chose à travers mes photos et mes articles. Je m’efforce donc de soigner la présentation de mes textes et la dernière étape à franchir sera sans doute l’amélioration de mes photos qui ne sont pas toujours de bonne qualité. Si on parlait d’un malade, on dirait que ce blog se porte de mieux en mieux et qu’il est plutôt en bonne santé. Et tout cela grâce à votre participation.
Pour conclure…
Bon, je ne voulais pas tomber dans le CV de trois pages, mais j’y suis un peu arrivée quand même et je ne voulais pas que ça fasse trop nombriliste, mais un « Qui suis-je? » ça l’est toujours un peu. J’espère que ce billet de présentation vous aura appris au moins quelque chose et qu’il ne vous aura pas fait fuir en courant.