Ce troisième jour ne s’est pas super bien passé. Souvent dans un blog, on ne parle que des côtés positifs de l’IEF mais rarement des aspects négatifs. Heureusement chez nous, dans l’ensemble, l’école à la maison se passe bien car c’est un choix des enfants et non celui des parents. Nous n’avons pas descolarisé les enfants, c’est eux qui n’ont jamais voulu aller à l’école. Mais, les enfants ne réalisent pas toujours la chance qu’ils ont, ni ce que ça me prend en temps et en énergie pour leur permettre d’étudier à la maison. Alors forcément quand elles ne veulent pas travailler sur leurs cours, ça crée parfois quelques tensions.
La journée avait pourtant bien commencé. On nous a donné un gros sac rempli de robes de princesses à retoucher. Avant de les recoudre, et avant de commencer les cours, je les mets en machine pour les laver et pouvoir les recoudre plus tard. J. est folle de joie, même si elle a déjà une multitude de robes de princesse et tout un tas de déguisements variés… Où je veux en venir vous allez me dire… J’en parle ici, car c’est ce qui a déclenché les problèmes après.
J’appelle M. pour son premier cours Pi. Car l’activité à faire, c’est la décoration de son cahier de vie avec de la peinture. Je veux qu’elle soit seule à faire de la peinture. Je prépare le matériel sur la table.
M. s’installe. Je lui explique ce que l’on va faire et comment elle doit utiliser la peinture.
Pour son activité, elle doit tremper une bille dans la peinture, la récupérer avec une cuillère, poser la bille sur sa feuille et faire rouler la bille dans le carton. La bille chargée de peinture dessine des courbes sur le papier.
Je demande à J. d’aller faire autre chose pendant ce temps. Elle refuse et me dit qu’elle partira que si je mets les robes de princesse à sécher dehors. La machine à laver est en train de tourner. Je lui explique que ce n’est pas possible pour le moment. J’accepte qu’elle reste avec nous, à la condition qu’elle laisse sa soeur se concentrer sur son activité et qu’elle ne commente pas. J. a la mauvaise habitude de se comparer à sa soeur et de vouloir lui apprendre tout sur tout. Cela est bien dans une certaine limite. Elle n’a pas toujours conscience qu’elle n’a pas le même âge que sa petite soeur et que sa soeur doit aussi expérimenter les choses par elle-même.
J. fait l’effort de ne pas commenter, mais c’est plus fort qu’elle. Elle lui dit qu’elle devrait prendre cette couleur ou qu’elle devrait mettre la bille différemment. Que si c’était elle, elle ferait comme ci ou comme cela. Je lui rappelle qu’elle ne doit pas intervenir, mais c’est difficile. Elle me dit vouloir faire de la peinture elle aussi. Je dois lui expliquer que maintenant, elles ont chacune leur cours et que il est difficile pour moi d’organiser deux ateliers peinture en même temps. Je dois argumenter sur le pourquoi alors que je n’en ai pas envie. J’ai envie de regarder simplement M. s’éclater avec son activité et ne pas rentrer dans des explications interminables. J. ne lâche rien, elle veut faire de la peinture ou aller regarder les robes de princesse. Et comme elle est frustrée qu’aucune de ses demandes ne soient satisfaites, elle joue avec les bouteilles de peinture malgré mes recommandations du début de ne toucher à rien et de ne pas déranger. Elle finit par mettre une grosse tache de peinture sur son tee-shirt. Je lui demande d’aller la laver avant que la peinture sèche. Elle part à la salle de bain, nous pouvons terminer l’activité tranquillement. Ouf. Je souffle enfin.
L’activité se termine. On ramasse le matériel et la peinture. M. peut aller mettre son oeuvre à sécher. J. est toujours à la salle de bain en train de frotter la peinture sur son tee-shirt. Elle me dit que la machine à laver a fini de tourner et qu’il faudrait mettre les robes à sécher. On part dans le jardin pour les mettre à sécher. Je demande à M. d’aller à l’étage chercher un miroir que j’avais retrouvé et qui servira pour son activité suivante. Je lui dis de prendre un chiffon et d’éliminer la poussière sur le miroir pendant ce temps.
On reste dans le jardin un instant. Elles regardent les robes et elles font déjà leur choix toutes les deux. Elles ont hâte que les robes sèchent pour les essayer. En attendant, on retourne travailler les cours.
J., satisfaite d’avoir pu voir les robes, oublie la peinture et accepte sans problème de se mettre au travail. On fait les exercices de mathématiques des cours Pi dans la bonne humeur en commençant par le jeu « Jacques a dit » pour vérifier qu’elle sait bien se repérer dans l’espace. Je n’avais pas de doute là-dessus. Elle fait les autres exercices sans aucune difficulté particulière. On enchaîne sur des révisions de lettres.
M., quant à elle, remplie sa fiche d’identité. Je lui avais donné les consignes avant et je lui ai demandé de se servir du miroir pour bien regarder la couleur de ses yeux et la forme de sa coiffure. Tout se passe bien…
Enfin presque…
M. devient rêveuse. Elle gribouille sa feuille. Dès la première page, elle veut s’arrêter et mettre la robe violette qu’elle a vue sur le sèche-linge. Elle ne veut plus continuer les cours et veut absolument la robe. J’ai beau expliquer que les robes sont en train de sécher, rien n’y fait. Elle pleure et veut la robe.
Les longues explications données à J. lors de la toute première activité m’ont quelque peu vidées de mon énergie. A force d’argumenter, j’ai mal à la gorge. Je sens que ma patience commence à s’émousser. Les pleurs de plus en plus forts de M. m’assomment. Je quitte la pièce. J. a fini ses exercices, ça tombe bien. Si M. ne veut pas continuer, on s’arrête. Mais M. insiste, elle veut continuer ses exercices mais il lui fait absolument la robe violette pour continuer et elle me suit d’une pièce à l’autre de la maison en pleurant et même en hurlant qu’elle veut la robe. On part voir si les robes sont sèches mais je découvre le banc sur lequel j’ai l’habitude de poser le linge avant de le mettre à sécher et après séchage, couvert de boue. Stupéfaite, je demande qui a fait ça et J. et M. me disent que ce n’est pas elles (bien sûr…c’est la voisine !). J’ai ma petite idée sur la coupable, mais je veux la vérité. M. m’avoue que c’est J. Je la crois, mais J. mécontente se met à frapper sa soeur. Je lui demande de cesser d’agir ainsi et de s’excuser auprès de sa petite soeur. Elle s’excuse et reconnait sa faute. Je lui demande d’aller nettoyer le banc avec une serpillère. M. est furieuse que je ne décroche pas les robes tout de suite et reprend ses pleurs de plus belle (il y a des jours comme ça où on aimerait fuir sur une autre planète, loin, très loin…).
Tout est bien qui finit bien malgrè tout. La demande de M. est enfin satisfaite. Elle peut essayer la robe violette qui a séché. Le banc que J. a astiqué soigneusement pour réparer sa bêtise, est redevenu blanc. Tout va bien. Quant à la page d’exercices que M. devait terminer, elle l’a complètement oubliée. On ne vit pas dans un monde parfait, faut le dire quand même… C’est au tour du petit frère de se réveiller de sa sieste et de m’en faire voir de toutes les couleurs, une fois n’est pas coutume chez nous. De toute façon, les jours se suivent mais se ressemblent rarement. Donc, demain est un autre jour…