socialisation enfant

Qu’est-ce que la socialisation ?

La socialisation, c’est un thème que je n’ai jamais vraiment abordé ici et pourtant, c’est un terme qui revient souvent dans les conversations quand on instruit ses enfants à la maison. Ce terme va de pair avec le mot sociabilisation. Les gens emploie tantôt l’un, tantôt l’autre, en les confondant un peu sur le plan sémantique. Je me suis dit qu’un article là-dessus pourrait aider à comprendre ce qu’est la socialisation et ce qu’est la sociabilisation. Comprendre les mécanismes de la socialisation et comment ça se met en place lorsque les enfants sont instruits à la maison.

La socialisation qu’est-ce que c’est ?

Définissons ce qu’est la socialisation ensemble

La socialisation, c’est « l’adaptation de l’individu à la société ». C’est aussi « le processus d’adaptation de l’enfant à la vie en société, aux rapports sociaux ».
C’est quoi la société, c’est : « un état de vie collective » ou « un mode d’existence caractérisé par la vie en groupe » ou encore « un milieu dans lequel se développent la culture et la civilisation » (source CNRTL).Tout ça est bien compliqué, je suis sûre que vous n’êtes pas plus avancé.
Si on comprend bien, la socialisation, c’est la capacité qu’à une personne à s’adapter à un état de vie collective. Ou la capacité à s’adapter à un milieu où il y a une culture. Qu’est-ce qu’on entend par culture ? Je continue avec la définition du CNRTL, et je prends le sens qui me semble le plus approprié, la culture, c’est un « travail assidu et méthodique (collectif ou individuel) qui tend à élever un être humain au-dessus de l’état de nature, à développer ses qualités, à pallier ses manques, à favoriser l’éclosion harmonieuse de sa personnalité. »
Je trouve important de décortiquer les mots et expressions, parce que bien souvent, les gens emploient des termes qu’ils ne comprennent pas ou ils croient en connaître le sens mais en réalité, ils sont à côté de la définition initiale. Si je décortique chaque terme, je ne suis pas bien avancée ceci dit.
En faisant un petit tour sur le site Wikipédia, qui vulgarise un peu plus les définitions, j’apprends que la socialisation, c’est : « le processus au cours duquel un individu apprend à vivre en société, durant lequel il intériorise les normes et les valeurs, et par lequel il construit son identité psychologique et sociale. »
Cette définition est intéressante parce qu’on y apprend que la socialisation est un processus. Ce qui suppose que c’est un long apprentissage que ça ne vient pas du jour au lendemain. Plus loin, concernant ce processus de socialisation on apprend que : « Il débute dès la naissance et se déroule généralement dans la société à laquelle appartient l’enfant, mais il se poursuit tout au long de la vie pour s’achever à la mort. »
main de bébé
Donc, si on résume bien, une personne, par un long processus qui dure toute sa vie, doit apprendre à s’adapter à la  société. Ce qu’on reproche souvent aux parents qui instruisent leurs enfants à la maison, c’est que les enfants ne sauront pas s’adapter à la collectivité. On parle de vivre en société dans la définition qui est donnée, il est vrai que l’école est une micro-société mais ce n’est pas la société telle qu’elle est. Les normes et les valeurs de l’école ne sont pas totalement les normes de la société ou de la famille. L’école a ses propres règles, ses propres normes aussi… même si on y apprend quelques valeurs de la vraie société, c’est tout de même un peu différent.

Voyons maintenant les différentes étapes de la socialisation

Il semblerait qu’il y ait deux grandes étapes à cette socialisation. Une socialisation primaire et une socialisation secondaire. Ouais, c’est que les sociologues vont très loin dans la définition. Durkeim en donne beaucoup plus encore, je m’arrêterai à deux.

Qu’est-ce que la socialisation primaire ?

Le site universalis nous explique que la socialisation primaire est essentiellement familiale. Tiens donc, ça c’est intéressant. En tant que parent, on a un grand rôle à jouer là-dedans. La socialisation primaire va permettre à l’enfant de forger sa personnalité. Quand un enfant est instruit à la maison cette socialisation primaire peut durer assez longtemps et s’épanouir tranquillement.
De quoi a-t-on peur finalement quand l’enfant est instruit en famille ? A-t-on peur que l’enfant se forge une personnalité forte au contact de ses parents au point de se distinguer des autres ? Sans doute puisque la socialisation primaire sert à forger la personnalité de l’enfant. Ou bien  a-t-on  peur qu’il n’accède pas à la socialisation secondaire ? Oui sans doute aussi, parce qu’après la socialisation primaire, il y a la socialisation secondaire. Voyons ce que c’est.

Qu’est-ce que la socialisation secondaire ?

Les sociologues définissent la socialisation secondaire comme un ensemble de choses qui vont participer à la reconstruction de l’identité individuelle. Wikipédia nous dit qu’elle peut « soit prolonger, soit contredire la socialisation familiale ». L’école fait partie de cette socialisation secondaire. Le groupe d’enfants que côtoie l’enfant aussi. Plus tard, ce sera son patron ou ses collègues de travail. Je le rappelle, la socialisation se fait durant toute la vie.
Effectivement, l’école peut jouer un rôle important lorsqu’un enfant est soumis à ses parents ou qu’il n’a pas pu se forger sa personnalité. Certains parents aux influences néfastes peuvent nuire au développement de leur enfant. On ne peut pas le nier, régulièrement un fait divers au sujet d’enfant maltraité apparaît à la Une des journaux. On peut comprendre de ce fait l’inquiétude des services sociaux. Si l’enfant n’a pas réussi à se construire une personnalité au sein de sa famille, l’influence extérieure pourra peut-être y contribuer.
Cependant, on voit toujours les côtés positifs de la socialisation secondaire, mais si elle vient contredire la socialisation familiale, cela peut avoir des conséquences fâcheuses. Imaginons, une famille qui inculque des règles de politesse à l’enfant, et que le groupe en manque totalement, à terme l’enfant adoptera des comportements qu’on ne lui a pas inculqués à la base. Les parents devront alors constamment réajuster ce qu’ils ont inculqué. Une famille non fumeuse qui se retrouve avec un enfant fumeur ou toxicomane à cause de l’influence du groupe en paiera les frais également. C’est aussi souvent le cas lorsque des enfant sont sous influence religieuse. Les normes que leurs seront inculquées à l’extérieur ne seront pas les mêmes que celles qu’ils ont connues au contact de leur famille pratiquante.

Donc, si je résume, dès sa naissance, un enfant apprend la socialisation au contact de sa maman (ou de la figure maternelle qui s’occupe de lui), puis au contact de sa famille. Ensuite, il va à l’école et il continue sa socialisation au contact de la maîtresse, du groupe d’enfants qu’il côtoie, puis ensuite, au contact de ses collègues de travail et ainsi de suite jusqu’à sa mort.
enfant au parc
En ce qui concerne l’enfant instruit en famille. Dès sa naissance, l’enfant instruit en famille apprend la socialisation au contact de sa maman aussi (ou de la figure maternelle qui s’occupe de lui), puis au contact de sa famille. Ensuite, il reste à la maison et il fait bien souvent des activités externes (oui parce qu’un enfant instruit à la maison ne reste pas en vase clos). Il va acheter le pain à la boulangerie, participe à des activités comme la danse, les arts plastiques, le foot, la musique, la natation, etc. donc il est confronté à d’autres groupes d’enfants comme à l’école, il a un entraîneur, un prof de danse, un prof de musique ou autre qui participeront à sa socialisation secondaire, puis lorsqu’il ne sera plus concerné par l’obligation d’instruction (à 16 ans), qu’il pourra continuer à voler de ses propres ailes, il côtoiera comme les autres des collègues de travail et son patron.
socialisation

L’école et la socialisation

L’école participe très peu à la socialisation d’un enfant si on y réfléchi bien. L’enfant n’étant soumis à l’instruction obligatoire qu’entre 6 et 16 ans, si l’école était obligatoire, elle ne participerait que dix petites années à ce processus de socialisation. Ce n’est rien dix années sur une longue existence. D’ailleurs, l’école arrive rarement à corriger les manques du milieu familial quand ils ont fait défaut et que ces manques n’ont pas permis à l’enfant de s’intégrer au groupe. Comme l’écrit Delphine Deschamps dans son mémoire de licence sur l’enfant maltraité : parcours résiliens : « un enfant désocialisé est très souvent en situation de carence affective et éducative. On peut le définir comme étant extérieur à la vie sociale, ne désirant appartenir à aucun groupe particulier. Cette désocialisation peut se manifester dans un premier temps, par exemple, par un refus de tout apprentissage scolaire ou formation professionnelle. L’enfant se place alors en échec scolaire et met en péril son avenir. Il peut s’agir d’un léger repli de la société comme d’une véritable mise à l’écart volontaire et souhaitée de tout contact avec autrui. »
Fort heureusement, la socialisation, ça s’apprend tout au long de la vie. L’école arrive parfois à corriger cette désocialisation. Le film Les héritiers de Marie-Castille Mention-Scharr, sorti en décembre 2014, en est une illustration. Un professeur décide de tirer ses élèves vers le haut en leur proposant un concours de Lettres. La réussite à ce concours va complètement bouleverser leur vie et les réadapter à la vie en société.

L’instruction en famille et la socialisation

Qu ‘en est-il de la socialisation pour les enfants instruits à la maison ? 
Nos enfants instruits à la maison deviendront des adultes comme les autres, même s’il n’ont pas appris à vivre au sein de la micro-société que l’on nomme école. Tout simplement parce que nous jouons notre rôle dans leur adaptation. Ils pourront sans doute avoir plus de facilité à s’adapter puisqu’ils vivent continuellement au cœur même de la société et n’y sont pas soustraits pendant de longues années comme le sont les autres enfants scolarisés. Pour reprendre les propos d’André Stern qui n’a jamais fréquenté l’école : « L’enfant est optimisé pour aller dans le vaste monde. C’est son désir le plus cher, d’aller à la rencontre des autres vivants. (Autrefois, j’aurais dit les autres humains, maintenant, je sais que c’est les autres vivants). Il va à la rencontre des autres à cœur et à bras ouverts. Sans tenir compte ni de la couleur de peau, ni de la religion, ni de l’âge. Et ça, c’est la socialisation grandeur nature !  »

Et la sociabilisation alors ?

Là, c’est autre chose. Le Larousse en ligne donne comme définition : « rendre sociable, plus sociable : l’école sociabilise les enfants ». Euh ouais, bon. Avec cette définition on n’est pas très avancé. Merci Larousse. Sympa pour les autres qui ne vont pas à l’école. Vous, les enfants handicapés qui devaient vous instruire par d’autres biais que l’école parce qu’on ne vous accepte pas à l’école et que vous n’avez pas le choix, vous avez du souci à vous faire aussi. C’est Larousse qui le dit, pas moi. Bon, je vous rassure, Larousse n’a pas vraiment raison. Wikipédia nous dit que c’est un « processus qui fait entrer ou qui maintient une personne dans la société ». On n’en saura pas plus sur ce processus et la définition me semble presque identique au mot « socialisation ». Sauf que là, on nous dit que c’est le processus qui fait entrer une personne dans la société. Pour la socialisation, c’était le processus qui permet à une personne de s’y adapter. Qu’est-ce qui peut bien faire entrer une personne dans la société ? Sa naissance ne suffit-t-elle pas ? Faut chercher ailleurs. Le mot sociabilisation est inconnu du portail lexical CNRTL. Mais si je vais du côté du mot « sociable », j’ai plusieurs sens comme : « apte à vivre en société », « dont la fréquentation est agréable et qui manifeste du plaisir et de l’aisance dans la compagnie de ses semblables » ou encore « qui est agréable à fréquenter ». L’antonyme de sociable, c’est insociable ou asocial d’où sans doute la confusion avec le terme socialisation.
En réalité quand on cherche la définition du mot « sociabilisation », on se rend compte que bien souvent la définition qui est donnée est presque la même définition que le mot « socialisation ». Pourtant, la sociabilisation existe bien… En fait,  on devrait plutôt parler de sociabilité. La sociabilité, c’est une vertu ou plusieurs vertus qui ne sont pas données à tout le monde et qui n’ont strictement rien à voir avec le fait d’aller ou pas à l’école. Si on s’habille bien, si on est aimable, si on parle bien, si on est courtois, si on a une bonne éducation, si on a du respect pour sa propre dignité humaine et celle des autres, on fait preuve de sociabilité. Et là, on comprend mieux la définition de Wikipédia, les processus qui font entrer une personne dans la société, c’est sa tenue vestimentaire, sa manière d’être, son amabilité, etc.
Le terme sociabilisation n’existe pas sur le portail lexical du CNRTL. Si on cherche ce terme sur le site de l’Académie française, on ne le trouve pas vraiment non plus. On y trouve bien le mot « insociable » avec pour exemple « La maladie et les chagrins l’ont rendu insociable« .

La langue française est une langue vivante qui évolue constamment. Mais si on vous parle de socialisation, vous pourrez dire que la socialisation, ça s’apprend toute la vie et pas seulement à l’école. Quant à la sociabilisation , vous pourrez toujours demander à votre interlocuteur ce qu’il entend par sociabilisation. Il y a fort à parier qu’il confond ce mot avec socialisation. Et s’il entend par ce terme la sociabilité de votre enfant, vous pourrez lui faire remarquer que votre enfant est propre, bien habillé et qu’il est souriant, poli et qu’il semble suffisamment aimable pour se faire des amis et que vous n’avez pas d’inquiétude là-dessus.

Si vous avez d’autres informations concernant les termes que j’ai évoqués dans cet article, n’hésitez pas à intervenir en commentaire. Je me ferai un plaisir de vous lire et d’en apprendre davantage sur ces termes.

4 réflexions sur “ Qu’est-ce que la socialisation ? ”

  1. Un énorme MERCI pour cet article que je me suis empressée d’enregistrer! Il me sera très utile à ressortir le jour où mon entourage proche me posera cette question. Et en attendant j’en retiens par coeur les éléments centraux afin de déjà pouvoir répondre ci et là quand j’entends ce genre d’interrogation… Mes enfants seront sociables, pas de doute à cela! 😉
    Bonne continuation à vous!

  2. Je découvre ce blog et je sens que je vais y passer du temps ! Merci pour cet article qui me servira lorsque j’aurai à justifier mon choix de ne pas mettre ma fille à l’école pour son année de CP. Bien que je n’ai mis aucun de mes enfants en maternelle, je sens que le passage de la maternelle au primaire sans passer par l’école va être un peu difficile au niveau de ma famille alors je suis en mode « pêche aux informations » afin d’être prête et à l’aise au moment venu ! Encore merci !

  3. Oui OumNora, lorsqu’on passe le stade de l’instruction obligatoire, on inquiète encore plus. La maternelle, ça passe un peu, les enfants sont petits, on peut le justifier en disant qu’ils ne sont pas encore propres, qu’ils font encore de longues siestes… Mais à partir de 6 ans, c’est différent. En grandissant, les enfants sont de plus en plus autonomes et osent prendre la parole pour exprimer leur point de vue. C’est un bon moyen pour démontrer qu’ils ne sont pas coupés du monde et sont tout à fait capables de parler avec d’autres gens sans crainte.

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